mercredi 30 avril 2008

Les errements de la compagnie: un espoir deçu.

Taourirt, 18 mai.

De minuit à 2 heures du matin, nous avons eu le petit concert prévu. Un chasseur de l'escadron a été blessé.

Ce matin, à l'heure du départ, nos fusils et nos canons se mirent d'eux-même à parler et c'était merveille de voir les obus tomber au flanc des collines, projetant le désarroi parmi les groupes marocains. La colonne veut se dissocier. La plus grosse partie rentrait à Merada avec le général, tandis que le commandant M... regagnait Taourirt avec l'autre partie. Nous en étions.

L'âme chargée d'envie pour ceux qui marchaient à nouveau sur Merada, nous avons pris le chemin que nous indique notre destinée. Nous avons du mal à nous résoudre à cette perte de temps, car au fond de chacun de nous, vit toujours l'espoir d'une marche possible sur Fez que la crainte de laisser échapper une occasion.

Notre route a été dépourvue d'incident notoire. Nos jeunes cavaliers un peu surexcités par les coups de feu des jours précédents s'indiquaient les uns les autres des masses ennemies errant dans la plaine: Mais le mirage y était pour beaucoup. Ce qui était plus réel, hélas! C'était de la longue série de chameaux morts dont la piste s'encombrait aux abords des ravins. Ces animaux épuisés, incapables de monter une pente trop raide se couchaient sur le flanc avec de longues plaintes gutturales.

Vite les sokrars leur tranchaient la gorge, les dépeçaient; et les lamentables carcasses, au grand soleil, parmi les mouches bourdonnantes, ponctuaient la route morne, ainsi que sur une grève de chaloupe échouées. Notre courage ne connaissait plus de borne et nous nous emparions sans pudeur des armes, des munitions de tous les indigènes que nous croisions.

C'est ainsi que nous fîmes à Taourirt, ce matin, une entrée remarquée. Maintenant je profite des dernières lueurs du jour pour écrire mon journal. Nous campons au même endroit que la dernière fois, mais un convoi de chameaux nous a précédés ces jours-ci et c'est une infection. Toujours eux, décidément!

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