samedi 3 mai 2008

Les Prolégomènes d'Ibn Kaldoun

De plus en plus de documents sont numérisés et mis en ligne. Celui que j'ai présenté précédemment en fait parti. Ce coup ci j'ai eu une autre bonne surprise. Les Prolégomènes d'Ibn Kaldoun dans lequel il parle de Debdou a été numérisé et mis en ligne par des bénévoles récemment. Je vous invite à vous y rendre

Source: LES PROLÉGOMÈNES D’IBN KHALDOUN(732-808 de l’hégire) (1332-1406 de J. C.)
traduits en Français et commentés par W. MAC GUCKIN DE SLANE (1801-1878)
(1863)Première partie.

site internet:

http://classiques.uqac.ca/classiques/Ibn_Khaldoun/Prolegomenes_t1/ibn_pro_I.pdf


Extrait qui parle de Debdou.



Je rentre dans le Maghreb el-Acsa.

Pendant que je travaillais à Biskera pour le service du sultan Abd el-Azîz, je vivais sous la protection d’Ahmed Ibn Mozni, seigneur de cette ville. Il tenait sous sa main toutes les tribus rîahides, et, comme il leur faisait passer les subventions que le sultan leur accordait, elles suivaient ses conseils dans presque toutes les affaires qui les concernaient. S’étant bientôt aperçu de l’influence que j’exerçais sur ces Arabes, il en fut vivement contrarié ; regardant comme vrai ce qu’il soupçonnait, il écouta tous les rapports, même les plus contradictoires, que les délateurs lui adressaient à mon sujet, jusqu’à ce qu’enfin, dans un accès d’emportement, il écrivit une lettre de p.LXII plaintes à Ouenzemmar, l’ami intime et le conseiller du sultan. Ouenzemmar la communiqua à son souverain, et celui-ci m’expédia sur-le-champ une lettre de rappel.

* (P52)

Je partis de Biskera avec ma famille l’an 774, au jour anniversaire de la naissance du Prophète (10 septembre 1372 de J. C.). Arrivé à Milîana, dans le Maghreb central, j’appris que le sultan était mort de maladie et que son fils, Abou Bekr es-Saîd, enfant en bas âge, avait été proclamé par Ibn Ghazi. On me dit aussi que ce vizir avait quitté Tlemcen en toute hâte afin de se rendre à Fez avec son fantôme de souverain. Ali Ibn Hassoun en-Nebati, un des généraux et des clients du dernier sultan, commandait alors à Milîana. Il se mit en route avec moi et me conduisit au milieu des Beni ’l- Attaf. Nous descendîmes chez les Aoulad Yahya Ibn Mouça, et quelques membres de cette tribu m’accompagnèrent chez les Aoulad Arîf. Peu de jours après, Ibn Hassoun vint me joindre, et nous partîmes ensemble pour Fez, en prenant la route du désert. Il
arriva cependant qu’Abou Hammou, instruit de la mort du sultan Abd el-Azîz, quitta Tîgourarîn 1, ville du désert, dans laquelle il s’était réfugié, et s’empara non seulement de Tlemcen, mais de toute la province. Apprenant alors que nous étions dans son voisinage, il donna aux Beni Yaghmor, cheïkhs de la tribu d’Obeïd Allah, branche de celle de Makil, l’ordre de nous arrêter aussitôt que nous serions entrés sur leur territoire. Ils nous rencontrèrent à Ras el-Aïn, où le Ouadi-Za 2 prend sa source. Quelques-uns des nôtres échappèrent à cette attaque, grâce à la vitesse de leurs chevaux, et se réfugièrent dans la montagne de Debdou 3 ; mais le reste, etj’étais de ce nombre, fut réduit à s’enfuir à pied. Quant à nos effets et à nos bagages, tout nous
fut enlevé. Nous marchâmes ensuite pendant deux jours dans un désert aride avant d’atteindre un pays p.LXIII habité, et nous retrouvâmes enfin nos compagnons à Debdou. De là nous partîmes pour Fez, où nous arrivâmes au mois de djomada (novembre-décembre 1372). J’allai tout de suite me présenter au vizir Ibn Ghazi et à son cousin Mohammed Ibn Othman. J’étais un ancien camarade de celui-ci, ayant fait sa connaissance à l’époque où nous étions allés trouver le sultan Abou Salem à la montagne de Safîha. Le vizir me fit l’accueil le plus honorable et le plus amical ; il surpassa même mon attente dans les traitements et les ictâ qu’il m’accorda. Je conservai ainsi ma position à la cour ; je jouissais de la considération publique, et j’occupais une place élevée dans le conseil du gouvernement.

* (P53)

1 Voyez ci-après, p. 115, note 4.
2 Le Za prend sa source à quelques kilomètres au sud de Sebdou, et se dirige vers l’ouest
jusqu’à ce qu’il se jette dans le Molouïa. A partir de sa source, il prend successivement
plusieurs noms, comme presque toutes les rivières de l’Afrique septentrionale.
3 La ville de Debdou est située à l’est du Molouïa et à quarante-huit kilomètres sud-est de
Guercîf. Sur plusieurs cartes, on l’a placée à l’ouest de cette rivière.

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