mercredi 9 avril 2008

Préface


Extrait de « Un mois de campagne sur la Moulouya. Par un chasseur d'Afrique» tiré de l'ouvrage «TOUR DU MONDE journal des voyages et des voyageurs ». Paris, librairie hachette et cie, 1913, Nouvelle série 19e année. P13 à 24.
SPLEEN
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis
,Et que de l’horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;
Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l’Espérance, comme une chauve-souris,
S’en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;
Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D’une vaste prison imite les barreaux,
Et qu’un peuple muet d’infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cervaux,
Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
– Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme ; l’Espoir,
Vaincu, pleure, et l’Angoisse atroce, despotique
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, LXXVIII


Ce texte n'est rien ni plus que la retranscription d'un témoignage d'un soldat, mais aussi et avant tout celle d'un être humain avec ses tracas du quotidiens... C'est d'ailleurs ce qui rend ce texte si vivant. La focale est celle d'un individu qui veut comprendre le monde qui l'entoure , et nous raconte sa vie au jour le jour. Que ce soit dans les jours monotones ou dans les heures sombres, il a le sens du détail qui fait mouche et nous fais comprendre que la guerre ne se limite pas uniquement à la simple bataille qui opposerait deux camps adverses. On voit aussi au travers de ces descriptions les mentalités d'une France coloniale bourré de préjugés vis à vis des populations qu'il rencontre, et dont il sait se méfier (pas assez parfois). Des phases d'euphories succèdent à celles de lassitudes, d'angoisses, voir de tristesses. « Le cafard qui sait? ».

Ce transcription respecte le texte original, mais j'ai pris des libertés en ce qui concerne l'illustration, la correction orthographique ainsi que la mise en place d'un index et d'une annexe à la fin du texte.

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