mercredi 13 février 2008

2.2Organisations des tribus: commentaires.

2.2.1Considérations générales

Aujourd’hui cette liste a connu peux de changement, mise à part le faite que ces groupes ont désormais perdu leur caractère tribale et se sont totalement sédentarisés. Bien qu’il faut tout de même faire attention, au niveau de la classification qui est malgré tout incomplète et artificielle. Incomplète car au seul échelon du douar on peut trouver quatre ou cinq souches différentes, elles ne sont pas toute citées ici. Artificielle car ces groupes sont en mouvement et des alliances existent entre elles de telle façon qu’a partir de la deuxième ou troisième génération les groupes finissent par se confondre tandis que d’autres se divisent en divers branches (sans parler des migrations).De plus les versions peuvent changer au cours du temps selon les dire des témoins ex: les Oulad Ma‘amar prétendent descendre de la haute Moulouya dans la notice de Nehlil tandis qu‘ils disent venir d‘Andalousie cinquante ans après. Ainsi comment définir géographiquement et historiquement une tribu appartenant à Debdou proprement dit ? Doit on comme la fait Nehlil y inclure les Alouana et les Beni Fachat en rejetant les Beni Riis, même si on sait bien que les Alouana habitent au fond d’une vallée parallèle celle des Béni Riis? Ou comme Lecomte y inclure toute les tribus vivant dans et autour de Debdou en une seule, même si il s’agit de deux entités géographique séparées comme la fait Michel Lecomte? Toutefois il est important de préciser que cette catégorisation correspond à une volonté du protectorat français de « recenser, localiser, délimiter les ensembles tribaux à tout les niveaux […] Il s’agissait de reconnaître aux espaces tribaux une certaine légitimité, de différencier clairement ensemble berbérophone et arabophone et d’une certaine façon de diviser pour régner en isolant les ensembles humains en réalisant un découpage amincissant calqué sur les découpages tribaux »[1]. Mais avec pour avantage de coller aux réalités humaines, aux finages aux modes de vie nécessaire pour les administrer. On peut donc la considérer dans le contexte actuel comme une démarche de recherche d’identité. Cette liste est donc encore aujourd'hui brulante d'actualité. D’ailleurs il n’est pas anodin que l’on retrouve cette catégorisation dans « l’Étude architecturale et plan de sauvegarde de la kasbah de Debdou rapport et diagnostique de Mamoun Naciri en 2005 ». On peut rajouter qu’il colle encore à une réalité aujourd’hui; ainsi on retrouve encore des traces des antagonismes locaux entre les différents quartiers. Il existe toujours une identification forte à l’appartenance à une famille et à un quartier ou à un douar. Même si il faut nuancer cela par l’arriver de nouveaux immigrants ces dernières années et au développement de la ville et surtout de la modernité qui commence à faire changer quelque peu les mentalités.
[1]JF Troin dir. Maroc Régions, pays , territoires , ed Maisonneuve& Larose, Tarik, Urbama, La Riche 2002. P17

2.2.2 Les tribus musulmanes

A la liste il faut rajouter la division en groupes familiaux des ou lad Amara, des Kouanha, ainsi qu’un groupe des Ahl Debdou qui ont fusionnés avec les Béni Riis, devenant des Oulad Bou Chefra fraction des Oulad Bou Gza. Il est a noter que Michel Lecomte regroupe les Ahl Debdou en trois grandes fractions différentes: Le Mellah, Les Mrassane et les Fraouna. Les Mrassane comprenant les Ahl Msella, les Ahl kasbah et les Koubbouyyin quant aux Oulad Ounnan ils l‘ont été plus tard administrativement. Les Fraouna quant à eux comprennent les Oulad Amara, les kiadid, les Oulad youssof, les ahl Sellaouit et les ahl Rekna. A ce propos il faut aussi noter la sédentarisation de groupes auparavant nomades ou semi nomades qui auparavant séjournaient à Debdou durant l’hivernage, comme les Zouas et qui se sont peux à peux installés à Debdou ces 30 dernières années. Ce tableau nous montre l’importance du fractionnement de la population en tribus, fractions sous fractions, groupes familiaux. C’est le reflet d‘un fort particularisme local, il aisé d’imaginer les problèmes que cela a du poser en l’absence d’une autorité forte, comme durant la période qui succède la déchéance de Bou Hamara. En reprenant les propres terme de Nehlil qui résume bien la situation c’est : « l’anarchie générale […] Les temps deviennent propices pour le règlement de compte arriérés qu’elles ont eu entre elles. L’oussiya (les représailles) se pratique partout et tend à supplanter la loi; les Chioukh et les miads eux-même voient leur autorité méconnue: personne ne peut commander et nul ne veut être commander ». Aujourd’hui cette liste a connu peux de changement, mise à part le faite que ces groupes ont désormais perdu leur caractère tribale et se sont totalement sédentarisés.

2.2.3 Les tribus juives

Il est intéressant de voir la particularité des juifs de Debdou qui tout comme ses voisins musulmans se fractionnent en multitudes de tribus, avec des antécédents à Djerba notamment comme le rappelle si bien Nahum Sloushz. Ce qui favorise les particularismes locaux mais surtout comme on peut s’en douter aux antagonismes entre celles ci. C’est au travers de conflits latents et rémanents à travers les siècles opposant les deux grands groupes locaux que sont les Morciano (ou Marciano) et les Saqali (ou Sqali) que ceux ci transparaissent. Les origines plus ou moins légendaires attribuées à ces tribus de même que leur ancienneté à Debdou jouent un rôle particulier, notamment au travers de l’influence qu’elles ont au sein des autres tribus, c’est pourquoi elles sont revendiqués et peuvent prêter à polémiques. Ainsi par exemple Nahum parle de l’étymologie du nom des Saqali remettant en cause l’origine antique et sacré, revendiquée par les Cohen Saqali (bien qu’il soit théoriquement extérieur aux conflits, cela peux prêter à confusion) Idem pour les Saqali qui reprochent aux Morciano qui leur refusent de reconnaître les droits de priorité des Saqali sur le Mellah lors de leur expulsion du Dar Mechâal. Ces derniers les considèrent comme intrus à Debdou car les Morciano au contraire des Saqali résidaient à Tatsidalt, c’est à dire la Kasba El Makhzen avant d’habiter à Debdou. Si on compare ce tableau a celui fourni par les renseignements que nous donne Nehlil corroborer par les informations donner par Sloushz on remarque les erreurs qui ont pu être commises, ex: les Nissim dans l'analyse de Nehlil constitue une tribu à part entiére alors qu'en réalité il ne s'agissait que d'une fraction des Béni sultan, il y a aussi l'appellation qui différe ex: les cohanim sont appellés “Kouhana”. Mais pas uniquement, c'est aussi surtout révélateur d'un phénoméne qui a débuté bien avant ce qu'on a pu le croire. En effet si elle ne sont pas citées c'est qu'elles n'étaient tout simplement pas la au moment ou on les a répertoriées. Cela peut être du au fait que ces tribus aient émigrés à cause de l'insécurité qui a régné durant la période d'instabilité, entre le XIX ème et le début du XX ème siècle. Nahum Sloushz dit lui même: “un certain nombre de familles [...] quittérent Debdou et allérent s'établir à Taourirt et à Berguent, ou dans les autres stations crées par les autorités militaires françaises: ils y sont attirés par la sécurité plus grande” les juifs de Debdou,Revu du monde musulman, Paris 1913 P12. D'autres familles séjournent ailleurs qu'a Debdou tout en gardant des liens (familliaux, commerciaux) notamment dans les grandes villes du Maroc et de l'Algérie. Déjà vers 1950 le Mellah est abandonné; et fin 70 il n'y a plus aucun juif résidant à Debdou.

NB: Il est à noter que tout comme à Djerba,on ne laissa aucun Lévite s’installer à Debdou peut être pour éviter une concurrence inamicale comme la implicitement fait comprendre Nahum Slouschz.

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